Natura 2000 Pyrénées et Midi-Pyrénées //
Groupe fonctionnel A // Pelouses sèches calcaires xérophiles

GESTION et VALEUR d’USAGE

Les pelouses sèches xérophiles forment des plages de pelouse rase, avec une proportion variable de sol nu ou de minéral de surface. On les trouve généralement mêlées à d’autres habitats de pelouses ou de landes. En termes de gestion, ces surfaces élémentaires de pelouse xérophile, ne peuvent se dissocier des autres éléments de la mosaïque du fait de la petite taille des plages de pelouse : leur conduite se raisonne à l’échelle des unités fonctionnelles de gestion (parcs ou quartiers de pâturage) en tenant compte de l’ensemble des habitats présents.

Sur un plan pastoral, les pelouses xérophiles sont proches des pelouses sèches mésophiles avec un caractère saisonnier encore plus marqué (production principale ou exclusive de printemps, repousse d’automne certaines années) et un niveau global de productivité faible à très faible. Leur intérêt réside essentiellement dans leur précocité et leur attractivité, notamment pour les ovins et les caprins. Elles sont moins adaptées au pâturage de grands animaux.

MENACES et PRECONISATIONS

De manière générale, les préconisations de gestion destinées aux pelouses sèches mésophiles et aux habitats associés s’appliquent aux pelouses xérophiles : maintenir ou restaurer une pression pastorale extensive, éviter tout apport d’engrais ou d’amendement à l’exception des restitutions au pâturage, maîtriser le piétinement. On peut néanmoins rappeler quelques spécificités de l’habitat.

Déprise, abandon : en contexte de déprise, les risques d’embroussaillement sont moins marquées que pour les pelouses mésophiles car l’installation et l’extension des ligneux sont freinées par les conditions édaphiques (profondeur de sol, réserve en eau). On peut toutefois constater un phénomène de fermeture et de banalisation du milieu sous l’effet d’un développement rapide d’herbacées sociales telles que la Stipe pennée. Le rétablissement d’un pâturage d’hiver ou d’un pâturage précoce de printemps avec de fortes charges instantanées sur de courtes périodes peut permettre de créer des conditions favorables à une régénération de l'habitat. Celle-ci peut passer par l'apparition d'espèces pionnières caractéristiques des pelouses à annuelles (habitat 6220)  dans les trouées occasionnées par le pâturage.

En dehors de toute exploitation pastorale, la pression exercée par les lapins sauvages peut être suffisante pour maintenir l’ouverture de ces pelouses.

Destruction : ces pelouses très sèches sont des habitats fragiles : une trop forte pression des troupeaux, prolongée sur plusieurs semaines ou répétée sur plusieurs années peut les détruire de manière irréversible. Le risque concerne surtout les situations où les animaux sont confinés dans de petits espaces : on veillera ainsi à ne pas  positionner des parcs de nuit ou de contention, des entrées de parcelles, des points d’abreuvement ou d’affouragement dans leur voisinage. En site touristique, les risques portent principalement sur les lieux de passage ou de stationnement des véhicules, les aires de bivouac, les zones piétinées.

Ces formations sont, par nature adaptées à des conditions climatiques contraignantes. Cependant, les années de forte sècheresse - notamment lorsque celle-ci survient tôt au printemps et ne permet pas aux espèces d’accomplir leur cycle (cas de 2003 en Midi-Pyrénées) - peuvent occasionner des bouleversements dans la composition et la structure des communautés de pelouses xérophiles. Les espèces vivaces caractéristiques de l'habitat 6210 régressent et sont transitoirement remplacées par des espèces annuelles. Le maintien d’une pression de pâturage modérée, sans autre intervention, pourra aider à une restauration progressive de l’habitat initial.