Présentation
Avec une forte production de biomasse, les prairies se composent principalement d'espèces de graminées mais aussi de plantes dicotylédones telles que les Astéracées, les Apiacées, les Fabacées, etc...
Une proportion significative de recouvrement par d'autres familles que les graminées indique une bonne structure de la prairie. La présence de plantes à bulbe indique une ancienneté de la pratique de fauche favorable à la constitution d'un écosystème complexe et spécialisé. La hauteur végétative moyenne est souvent supérieure à 0.6 m, l’ensemble formant un couvert dense et homogène, sans sol nu et composé de plusieurs sous strates herbacées.
Les prairies de fauche sont principalement en lien dynamique avec les mégaphorbiaies et les ourlets nitrophiles, aussi il est fréquent d’observer certaines de ces espèces dans les prairies.
Les différents niveaux topographiques et trophiques favorisent l’insertion de certaines espèces non prairiales au sein de ce cortège. De même, l’effet d’un pâturage contribue à faire évoluer ces groupements en permettant à des espèces adaptées au piétiennement et au l'abroutissement de pouvoir s’insérer dans la formation prairiale.
La présence, de façon plus ou moins abondante, d'espèces liées à des habitats en lien dynamique avec les prairies, permet de situer l’avancement d’une dynamique par rapport à un optimum théorique.
Les prairies maigres de fauche de Midi-Pyrénées sont potentiellement assez largement distribuées sur l’ensemble du territoire, limitées au sud par les reliefs des Pyrénées et au nord par les Causses calcaires.
Les prairies maigres de fauche se localisent sur des zones de sol plus moins profond, ne subissant aucune inondation, même temporaire.
Ces prairies subissent l’intensification de l’exploitation de la ressource herbagère avec des apports azotés réguliers sous forme minérale très souvent accompagnés d’une gestion par la fauche très précoce dans le cas d’enrubannage.
Par ailleurs, certaines sont plus ou moins délaissées favorisant le développement d’ourlet, ou bien la modalité de gestion est modifiée au profit du pâturage.
Ces parcelles contribuent à l’existence de nombreuses fonctions et services à l’échelle du paysage contribuant à augmenter les enjeux liés à la pérennité de cet habitat en Midi-Pyrénées, d’autant plus que leur superficie tend à diminuer.
Gestion et conservation
Témoins d’une très ancienne tradition herbagère, ces prairies se rencontrent dans toutes les zones d’élevage de Midi-Pyrénées. Leur fonction première étant d’assurer la constitution de stocks fourragers, elles sont caractérisées par une exploitation en fauche, souvent, mais pas systématiquement, complétée par du pâturage estival ou d’intersaison.
Selon les régions, ces prairies dites « naturelles » (en réalité nombre d’entre-elles sont issues de semis parfois très anciens) représentent, soit un élément central du système fourrager, soit un simple complément, répondant à d’autres fonctions. Les enjeux de conservation associés et les menaces qui pèsent sur l’habitat sont ainsi très variables suivant les situations.
Ces prairies sont souvent associées à un réseau d’infrastructures - haies, murets, berges, bosquets – à forte valeur paysagère et écologique (habitats d’espèces). Elles constituent aussi une composante clé de la trame verte et bleue.
Fauche : généralement deux fois dans l’été, la première coupe (foin) de mai à juin, le regain de juillet à octobre. Les récoltes sous forme d’ensilage ou d’enrubannage peuvent s’observer mais il s’agit d’une forme d’intensification qui cumule deux facteurs de risque pour le maintien de l’habitat : fauche précoce et augmentation de la fertilisation.
Les rendements sont très variables : de 3 à 10 tonnes de MS/ha. Le fourrage est distribué aux troupeaux durant l’hiver, parfois en complément estival dans les secteurs de causse et de coteaux secs.
Pâturage : au printemps (avant le début de montaison des graminées) ou en automne. Le chargement instantané doit rester modéré pour limiter le piétinement et les concentrations de déjections.
Fertilisation : Ces prairies sont fertilisées, tous les ans ou tous les deux ans avec le fumier produit sur l’exploitation. Les quantités apportées sont faibles à modérées, de l’ordre de 10 à 20t de fumier/ha. En élevage bovin, il y peut y avoir épandage de lisier, de préférence sur les parcelles les plus proches des bâtiments. Une minorité d’éleveurs utilise des engrais minéraux, épandus le plus souvent avant la 1ère coupe. Les amendements calco-magnésiens sont peu utilisés.
La fertilisation sert à compenser les exportations par les récoltes. Un arrêt total des apports accentue le caractère oligotrophe de la flore mais entraine également une baisse des rendements qui conduit, à terme, à abandonner la fauche. Pour pérenniser l’habitat, un équilibre est donc à trouver entre les objectifs de production et les enjeux de biodiversité.
Arrêt de la fauche, déprise : cette évolution des pratiques s’observe quand les rendements sont jugés insuffisants pour rentabiliser le travail, en cas de difficultés d’accès ou de mécanisation (pente > 30%), ou de parcellaire éloigné ou morcelé. Les parcelles sont conservées dans la sole fourragère mais uniquement pour le pâturage. On observe alors une migration vers une flore de prairie pâturée.
Si le chargement est insuffisant ou en l’absence de pratiques d’entretien (fauche des refus, maîtrise des végétations de bordures et de lisières), la colonisation de la prairie par des hautes herbes ou des ligneux (buissons, arbustes) peut être très rapide car le sol garde une fertilité résiduelle : en 15-20 ans, le milieu peut se retrouver complètement fermé.
Intensification : plusieurs facteurs de risque
- Augmentation de la fertilisation ou des amendements calco-magnésiens
- Augmentation de la pression de pâturage : forts chargements instantanés, piétinement, déprimage prolongé. Souvent associé à une augmentation de la fertilisation (notamment azotée) pour favoriser la repousse entre deux cycles de pâturage.
Destruction : complète ou partielle
Les risques de destruction de prairies de prairies maigres de fauche concernent principalement les régions où l’élevage cohabite avec des productions végétales de vente (céréales, arboriculture…). Pour des raisons économiques ou de simplification du travail, la prairie naturelle est abandonnée au profit d’autres cultures plus productives. Les fourrages annuels ou les prairies de courte durée peuvent en effet facilement compenser la ressource herbagère perdue.
- Retournement, sursemis : outre les cas de transformation en culture annuelle ou en prairie de courte durée (ray-grass, luzerne...), les opérations de rénovation de prairies par semis, sursemis ou désherbage sélectif peuvent occasionner un bouleversement de la composition botanique et des fonctionnalités de l’habitat. Une restauration progressive de la flore par des pratiques d’exploitation adaptées est toujours possible mais plusieurs années sont nécessaires pour retrouver un habitat de prairie de fauche riche en biodiversité.
- Plantations (peupleraies, vergers) : même lorsque la plantation préserve un couvert herbacé entre les arbres, les pratiques associées à cette nouvelle production (fertilisation, irrigation, broyage, désherbage…) puis, à terme, la concurrence exercée par les arbres eux-mêmes (lumière, nutriments, eau) ne permettent pas de conserver l’habitat initial de prairie.
- Urbanisation
Schéma fonctionnel synthétique
Un schéma fonctionnel est une représentation théorique des trajectoires possibles de l'habitat en l'absence de gestion, en cas de changement de pratiques ou de conditions stationnelles.
La situation d'équilibre est obtenue par les modes de gestion proposés dans le paragraphe "gestion et conservation".
La diagnose écologique est un intitulé de l'habitat qui reprend les éléments stationnels et écologiques déterminant pour la définition de l'habitat (moins ambigüs que les intitulés des typologies codées.
Références et expériences de gestion
31 |
Maitrise de l’envahissement des prairies de montagne par la fougère aigle (Pteridium aquilinum) |
Dans la Haute-vallée de la Garonne (31), des éleveurs se sont engagés à faucher les frondes de fougère deux fois par été pour freiner la progression de la fougère sur d’anciens prés convertis en pâtures. Un dispositif expérimental comparant différents types d’intervention (dates de coupe, chaulage) vient compléter les observations. |
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Région MP |
Opération « prairies fleuries » |
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contact : François Prud'homme (CBNPMP)
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Région MP |
Mesures contractuelles de gestion (MAEt 2007-2013) |
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contact : DDT, DRAAF |
Données cartographiques
Le tableau et la carte ci-dessous montrent la répartition des surfaces cartographiées en « Prairies maigres de fauche de basse altitude » (UE 6510) dans le réseau régional de sites Natura 2000. Ces surfaces comprennent les polygones purs (un seul habitat) et les polygones mixtes (plusieurs habitats en mélange ou en mosaïque).
Code Site Natura | Nom Site Natura | Surface (en ha) |
FR7301822 | Garonne, Ariège, Hers, Salat, Pique et Neste | 789,35 |
FR7200749 | Montagnes du Barétous | 442,65 |
FR7300898 | Vallée de la Dordogne quercynoise | 424,21 |
FR7300952 | Gorges de l'Aveyron, causses proches et vallée de la Vère | 398,90 |
FR7200750 | Montagnes de la Haute Soule | 352,05 |
FR7300885 | Chaînons calcaires du Piémont Commingeois | 270,54 |
FR7300897 | Vallée et coteaux de la Lauze | 267,12 |
FR7200752 | Massif des Arbailles | 249,70 |
FR7300910 | Vallées de la Rauze et du Vers et vallons tributaires | 212,56 |
FR7300836 | Chars de Moulis et de Liqué, grotte d'Aubert, Soulane de Balaguères et de Sainte-Catherine, granges des vallées de Sour et d'Astien | 200,77 |
FR7300893 | Coteaux de Lizet et de l'Osse vers Montesquiou | 189,14 |
FR7300841 | Queirs du Mas d'Azil et de Camarade, grottes du Mas d'Azil et de la carrière de Sabarat | 180,89 |
FR7200759 | Massif du Mondarrain et de l'Artzamendi | 134,66 |
FR7200781 | Gave de Pau | 128,06 |
FR7300944 | Montagne Noire occidentale | 106,75 |
FR7300946 | Tourbières du Margnès | 103,48 |
FR7200751 | Montagnes du Pic des Escaliers | 99,58 |
FR7200754 | Montagnes de Saint-Jean-Pied-de-Port | 98,64 |
FR7200791 | Le Gave d'Oloron et marais de Labastide-Villefranche | 96,02 |
FR7300913 | Basse vallée du Célé | 91,53 |
FR7200742 | Massif du Moulle de Jaout | 90,28 |
FR7301631 | Vallées du Tarn, de l'Aveyron, du Viaur, de l'Agout et du Gijou | 88,25 |
FR7200746 | Massif de l'Anie et d'Espelunguère | 82,67 |
FR7300842 | Pechs de Foix, Soula et Roquefixade, grotte de l'Herm | 81,58 |
FR7300902 | Vallées de l'Ouysse et de l'Alzou | 61,44 |
FR7200733 | Coteaux du Boudouyssou et plateau de Lascrozes | 56,68 |
FR7200788 | La Joyeuse | 48,48 |
FR7300829 | Quiès calcaires de Tarascon-sur-Ariège et grotte de la Petite Caougno | 45,45 |
FR7200793 | Le Gave d'Ossau | 44,68 |
FR7200786 | La Nive | 38,34 |
FR7300889 | Vallée de l'Adour | 35,44 |
FR7302002 | Cavités et coteaux associés en Quercy-Gascogne | 32,95 |
FR7200792 | Le Gave d'Aspe et le Lourdios | 31,71 |
FR7300945 | Causse de Caucalières et Labruguière | 29,90 |
FR7300864 | Plateau et corniches du Guilhaumard | 28,51 |
FR7200787 | L'Ardanavy | 28,43 |
FR7200744 | Massif de Sesques et de l'Ossau | 28,32 |
FR7200745 | Massif du Montagnon | 25,45 |
FR7312004 | Puydarrieux | 23,32 |
FR7300883 | Haute vallée de la Garonne | 22,27 |
FR7300868 | Causse Comtal | 21,39 |
FR7200790 | Le Saison | 20,38 |
FR7300922 | Gaves de Pau et de Cauterets (et gorge de Cauterets) | 16,99 |
FR7300852 | Gorges de la Vis et de la Virenque | 16,69 |
FR7300915 FR7300917 FR7300919 |
Pelouses de Lalbenque Serres de Saint-Paul-de-Loubressac et de Saint-Barthélémy, et causse de Pech Tondut Serres de Labastide-de-Penne et de Belfort-du-Quercy |
10,74 |
FR7200732 | Coteaux de Thézac et Montayral | 8,94 |
FR7300855 | Causse Noir et ses corniches | 7,33 |
FR7300931 | Lac Bleu Léviste | 6,57 |
FR7300879 | Lande de la Borie | 6,02 |
FR7300912 | Moyenne vallée du Lot inférieure | 5,47 |
FR7300859 | Cirque et grotte du Boundoulaou | 4,20 |
FR7300953 | Causse de Gaussou et sites proches | 3,52 |
FR7300850 FR7300851 FR7300857 FR7300858 |
Gorges de la Dourbie Gorges de Trévezel Les Alasses Chaos ruiniforme du Rajal Del Gorp |
3,08 |
FR7200747 | Massif du Layens | 2,72 |
FR7300940 | Tourbière de Clarens | 2,25 |
FR7300905 FR7300906 FR7300907 FR7300908 |
Vieux chênes de Cantegrel Vieux chênes de la Panonnie Vieux chênes des Imbards Secteur de Lacérède |
2,01 |
FR7300870 | Tourbières du Lévezou | 1,93 |
FR7300887 | Côtes de Bieil et de Montoussé | 1,90 |
FR7300914 | Grotte de Fond d'Erbies | 1,52 |
FR7300942 | Vallée de l'Arn | 0,79 |
FR7300909 | Zone centrale du causse de Gramat | 0,58 |
FR7300949 | Basse vallée du Lignon | 0,53 |
Total 6510 | 5 906,29 |
Les prairies maigres de fauche sont présentes sur toutes les petites régions naturelles de Midi-Pyrénées. Dans les sites pyrénéens elles sont relayées par les prairies de fauche de montagne (UE 6520). Ces prairies représentent un enjeu de conservation important pour les sites de rivières, de vallées alluviales et de piémont.
Les contours des entités cartographiées en 6510 correspondent pour l’essentiel à des parcelles agricoles, souvent délimitées par des haies, fossés ou clôtures. La surface moyenne des polygones (1,4ha) reflète la structuration de ce parcellaire. Les prairies de fauche sont, par nature, caractérisées par une homogénéité des conditions stationnelles et de la gestion. D’où la très forte dominance de polygones sans mélange d’habitats. Il résulte de cette situation la possibilité de cibler précisément les opérations de gestion à l’échelle de la parcelle.
Les végétations les plus souvent observées en mélange avec l’habitat « prairies maigres de fauche » résultent d’une hétérogénéité des conditions stationnelles (6210 et 6220 sur des plages de sol squelettique ou superficiel), ou d’un relâchement de la pression de fauche (6420, ainsi que d’autres formations de lisière ou d’ourlet, non communautaires). Lorsqu’on les trouve en bord de parcelle, les végétations d’ourlet sont un facteur de diversité et doivent, à ce titre, être préservées. Par contre, au sein de la parcelle, elles sont le signe d’une fermeture qui menace l’intégrité de l’habitat.
Les cas de mélange avec des prairies de fauche de montagne (UE 6520) reflètent certainement les difficultés que peuvent rencontrer les opérateurs pour distinguer les deux habitats.
État de conservation
Données issues du rapportage SPN-2015 // MNHN et Fédération des CBN
Selon la Directive Habitats, un état de conservation est jugé favorable « lorsque l’aire de répartition naturelle ainsi que les superficies couvertes par l’habitat au sein de cette aire sont stables ou en extension, et la structure et les fonctions spécifiques nécessaires à son maintien à long terme existent et sont susceptibles de perdurer dans un avenir prévisible, et l’état de conservation des espèces qui lui sont typiques est favorable. ». Tous les 6 ans, un bilan est réalisé à l’échelle nationale et européenne sur la base de 4 indicateurs : aire de répartition, surfaces, structure et fonctions.
Les prairies naturelles de fauche sont très largement répandues dans la région Midi-Pyrénées. Elles n'en sont pas pour autant menacées. Leur place dans les systèmes d'exploitation sont souvent remises en cause: remplacement par des prairies semées, par des cultures (céréales). Quand elles sont maintenues, les modes d'exploitation peuvent être défavorables à l'état de conservation de la prairie. L'intensification par fertilisation excessive banalise la flore, modifie la structure et altère les qualités de souplesse ou de tardiveté de la prairie. La place de la prairie permanente dans les systèmes d'exploitations intensifs et de très grandes surfaces est très précaire rendant les perspectives incertaines si ce n'est mauvaises pour la quantité et la qualité de ce type d'habitat dans la région dans les années à venir.
Groupes de gestion identifiés