Présentation
Ces formations, végétales prennent l’aspect de fourrés où le genévrier est plus ou moins dense sur des zones très escarpées et difficile d’accès. Le genévrier refusé par le bétail colonise alors rapidement ces espaces abandonnées. Toutefois, ces matorrals sont souvent non uniformes, elles inscrivent alors dans une mosaïque pelouse, ourlet, matorral avec possibilité dans certains cas de lande. Et de manteau pré forestier.
Ces broussailles résultent d’un passé agropastorale très important et témoignent aujourd’hui d’une tendance à la déprise en s’installant dans les zones accessibles sur les anciens parcours de pâtures steppiques à brebis. Comme pour beaucoup de landes, ces habitats sont majoritairement secondaires et s’inscrivent dans une dynamique de fermeture. Celle-ci peut être différente en fonction des conditions locales. En zone chaude et sèche, les ligneux seront dominés par le chêne pubescent, alors qu’en altitude se sera plutôt une hêtraie. Malgré leurs climax différents, ses formations sont toujours peu ou prou intégrées dans un système de mosaïque formant un continuum dynamique.
Ces matorrals d’influence méditerranéenne différente des formations à Juniperus communis sont très rares en Midi-Pyrénées où elles se cantonnent majoritairement sur le secteur de Millau (formation à Juniperus phoenicea). On les connaît aussi de manière ponctuelle en Ariège et Haute-Garonne non loin de la frontière Espagnole (formation à Juniperus thurifera).
L’installation de ces matorrals nécessite des conditions stationnelles stricts dont la xérophile et la pauvreté en nutriments son sine quoi non. Ces dernières font appel à une flore méditerranéenne indifférente à la nature du substrat. Néanmoins, c’est sur roche carbonatée que ces matorrals se retrouvent en priorité.
Les cortèges à Juniperus ne sont pas de prima bord menacés. L’enjeu sera de maintenir la mosaïque d’habitat et d’éliminer une partie des genévriers si besoin.
La préservation de ces matorrals est un enjeu important pour la région Midi-Pyrénées compte tenu de leur rareté sur le territoire.
Gestion et conservation
En Midi-Pyrénées, les rares localités connues pour cet habitat se trouvent dans le piémont calcaire des Pyrénées françaises (dont une principale : la montagne de Rié en Haute-Garonne), en situation de forte déprise agricole et pastorale.
Dans les secteurs de falaises, d'éboulis, ou sur sol très superficiel, la thuriféraie trouve un contexte optimal pour son développement, les conditions stationnelles étant trop contraignantes pour laisser s'installer la chênaie pubescente. La valeur pastorale de l'habitat est nulle : le Genévrier thurifère n'est pas consommé par les troupeaux domestiques et la circulation est difficile au milieu de ces fourrés denses. L'habitat se maintient sans intervention particulière.
En dehors des zones rocheuses, la lande à Genévrier thurifère se trouve mêlée à d'autres habitats de pelouses sèches calcicoles, de fruticées thermophiles à buis ou à genévrier commun et de chênaie pubescente. Ces pâturages semi-boisés au relief accidenté sont fréquentés préférentiellement par de petites troupes ovines ou caprines, en conduite lâche, avec des niveaux de chargement faibles. L'intérêt pastoral de cette mosaïque réside à la fois dans les conditions stationnelles particulières (bonne exposition permettant un pâturage hivernal ou d'intersaison) et dans la diversité des espèces et des faciès qui s'offrent aux animaux. Sur un plan quantitatif en revanche, l'offre fourragère reste limitée, elle est quasiment nulle en période de sècheresse.
Stations primaires : seul un incendie peut occasionner une perturbation majeure du peuplement mais ce risque diminue avec l'arrêt des écobuages sur ces anciens pâturages, qui ne représentent plus aujourd'hui un enjeu pastoral.
Stations secondaires : un pâturage extensif ovin ou caprin, combiné parfois à des brûlages localisés, suffisait traditionnellement à maintenir la mosaïque de milieux. Avec la déprise, les pelouses se ferment et les fruticées à Genévrier thurifère sont peu à peu colonisées par des arbres : Chêne pubescent essentiellement mais aussi hêtres, noisetiers etc.. Les anciens feux pastoraux ayant eux-même été abandonnés, les petits îlots de régénération de la thuriféraie ne se forment plus et la dynamique forestière n'est plus contrôlée. A moyen terme ce complexe d'habitat sera remplacée par un manteau forestier plus homogène.
L'abandon des écobuages ne signifie pas que le risque de feu soit totalement écarté. Dans ces secteurs très thermophiles des incendies accidentels sont toujours possibles et leur intensité sera d'autant plus forte que le milieu s'est boisé. Sur le site de la montagne de Rié, un incendie
Références et expériences de gestion
Blot J., 1994. Situation et évolution des stations à Juniperus thurifera dans le massif des Pyrénées : impact du pastoralisme et rôle de l'avifaune pour la conservation des stations dans les Pyrénées françaises. in : Nature conservation and pastoralism in Europe, 90-95.
Cambecèdes J., Gauquelin T., Loustalot-Forest F., Mignaut T., Delbos D., Largier G., 2006. Evaluation de l'impact du feu sur une population de genévrer thurifère : mise en place de protocoles de suivis sur la thuriferaie de la Montagne de Rié, victime d'un incendie accidentel en 2003. III colloque international sur le Genévrier thurifère et autres genévriers (genre Juniperus) : écologie et gestion forestière durable, à Soria 24 au 26 mai 2006, in : Actas del III coloquio internacional sobre los sabinares y enebrales (Género Juniperus) Soria 24-26 de Mayo de 2006; Junta de Castilla y Leon : ecología y gestión forestal sostenible, Tomo 1, 487-492.
Cambecèdes J., Gauquelin T., Roques A., Thébaut C., Burrus M., Gardes M., Gryta H., Joachim J., Bertaudière V., Renaux T., Largier G., 2005. Approche intégrée de la conservation des populations pyrénéennes de Genévrier thurifère (Juniperus thurifera L.). VIIe colloque international de botanique pyrénéeo-cantabrique : Bagnères de Bigorre, Hautes-Pyrénées, France, 8-10 juillet 2004, Bull. Soc. Hist. Nat. Toulouse, 141-2 : 189-195.
Fallour-Rubio D., Cambecèdes J., Rachou-Langlatte F., 2011. Suivi de la régénération post-incendie de Juniperus thurifera sur le Montagne de Rié (Marignac, Haute-Garonne, France). in : Botànica Pirenaico-cantàbrica : actes del XI colloqui international de botànica pirenaico-cantàbrica a Ordino, Andorra, 127-133.
Gauquelin T., Asmodé J.F., Largier G., 2000. Le Genévrier thurifère (Juniperus thurifera L.) dans le bassin occidental de la Méditerranée : Systématique, écologie, dynamique et gestion, Actes du colloque international de Marignac (Haute-Garonne, France), 26 et 27 septembre 1997. Ed. Office National des forêts, Paris, 291 p.
Gauquelin T., Bertaudière V., Cambecèdes J., Largier G., 2003. Le genévrier thurifère (Juniperus thurifera L.) dans les Pyrénées : état de conservation et perspectives. Acta Bot. Barcinonensia, 49 : 83-94.
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Samhat P., 2002. Structure et dynamique d'une population isolée de Genévrier thurifère (Juniperus thurifera L.) dans les Pyrénées : régénération, stabilité et compétition intra et interspécifique : rapport final. Mémoire de D.E.A. Ecologie des systèmes continentaux, Université Paul Sabatier, Toulouse, , 30 p.
Données cartographiques
Le tableau et la carte ci-dessous montrent la répartition des surfaces cartographiées en « Matorrals arborescents à Juniperus spp. » (UE 5210) dans le réseau régional de sites Natura 2000.
Code Site Natura | Nom Site Natura | Surface (en ha) |
FR7300829 | Quiès calcaires de Tarascon-sur-Ariège et grotte de la Petite Caougno | 88,13 |
FR7300850 FR7300851 FR7300857 FR7300858 |
Gorges de la Dourbie Gorges de Trévezel Les Alasses Chaos ruiniforme du Rajal Del Gorp |
38,29 |
FR7300855 | Causse Noir et ses corniches | 35,82 |
FR7300884 | Zones rupestres xérothermiques du bassin de Marignac, Saint-Béat, pic du Gar, montagne de Rié | 5,86 |
FR7300945 | Causse de Caucalières et Labruguière | 0,36 |
Total 5210 | 168,45 |
État de conservation
Données issues du rapportage SPN-2015 // MNHN et Fédération des CBN
Selon la Directive Habitats, un état de conservation est jugé favorable « lorsque l’aire de répartition naturelle ainsi que les superficies couvertes par l’habitat au sein de cette aire sont stables ou en extension, et la structure et les fonctions spécifiques nécessaires à son maintien à long terme existent et sont susceptibles de perdurer dans un avenir prévisible, et l’état de conservation des espèces qui lui sont typiques est favorable. ». Tous les 6 ans, un bilan est réalisé à l’échelle nationale et européenne sur la base de 4 indicateurs : aire de répartition, surfaces, structure et fonctions.