Présentation
Landes basses à rases, toujours dominées par des chaméphytes du type Ericacée. Les conditions d’engorgement permanent et le substrat tourbeux peuvent être plus ou moins recouvert de sphaigne. Quand les sols subissent une période de sécheresse, une minéralisation superficielle se réalise; la nature du sol peut alors varier. Tant que les conditions hydriques sont maintenues, on peut trouver ces végétations dans n’importe quelle topographie (pente, replat, dépression)
Les vieilles landes sont généralement dominées par la callune, ce qui signale un atterrissement du niveau d’eau. La molinie bleue fait très souvent partie du cortège végétal.
Les landes humides forment avec ces communautés environnantes un continuum de végétation en fonction du niveau hydrique. Elles assurent ainsi une transition entre les milieux tourbeux et les landes plus sèches, faisant ainsi office de zone tampon. Toutefois, elles ne sont pas stables à long terme. La dynamique de colonisation se poursuit avec des ligneux (Saule, bouleau, bourdaine) mais reste relativement lente en milieu tourbeux.
Dans certains cas la molinie se voit imposer sa physionomie à la lande en devenant omniprésente. Il faut alors faire très attention pour ne pas confondre cette lande avec les prairies paratourbeuses à Molinie.
Ces landes humides, typiquement atlantiques et caractérisées par la présence d’Erica ciliaris et Erica tetralix conjugué sur une même station, sont des groupements rares en région Midi-Pyrénées. En effet, seuls quelques secteurs de la façade ouest des Hautes-Pyrénées ainsi qu’au nord du Gers sont actuellement connus. Toutefois, notons l’existence probable de quelques stations dans le ségala Lotois.
Les formations à Erica ciliaris et Erica tetralix se développent sur des sols pauvres, acides et engorgés la plutpart du temps, ce qui se traduit par un substrat plus ou moins tourbeux.
Le drainage est la principale menace ainsi que la plantation de ligneux. Les landes à Erica ciliaris et Erica tetralix représentent un fort enjeu de conservation compte tenu de leur rareté mais aussi de leurs implantations territoriales correspondant à leurs limites d’aire atlantique de répartition. Ce qui en fait un habitat patrimonial à forts enjeux de conservation.
Gestion et conservation
Les landes humides sont habituellement utilisées en pâturage extensif, le plus souvent bovin ou équin, avec des animaux à l'entretien. La coupe de fin d'été, qui se pratiquait traditionnellement pour la production de fourrage ou de litière, a aujourd'hui perdu tout intérêt économique. Certains agriculteurs ou gestionnaires continuent toutefois à faucher ou à broyer périodiquement la végétation pour entretenir le milieu.
La valeur pastorale au sens strict est faible à médiocre mais elle est en partie compensée par la diversité des habitats associés ou voisins et par la possibilité de disposer d'une ressource fourragère en période de sècheresse.
Le premier facteur historique de disparition de ces landes humides a été la destruction directe pour une mise en culture ou pour du reboisement. Le drainage et l'apport d'amendements ou d'engrais qui précèdent ou accompagnent ces changements ont également contribué au recul de l'habitat. Les transformations du milieu sont souvent irréversibles et les possibilités de restauration de landes ainsi détruites semblent très incertaines.
Actuellement, la menace qui pèse sur ces landes est principalement l'arrêt du pâturage et des pratiques d'entretien associées : fauche, broyage, brûlage. Là où les conditions hydriques sont très contraignantes (vallons humides, ruissellements, suintements), l'habitat peut faire preuve d'une certaine résilience et garder une physionomie de lande. Mais dans la plupart des cas, cet abandon pastoral se traduit par une reprise de la dynamique ligneuse avec évolution vers une végétation de fourrés pré-forestiers (Bourdaine, Saules, Bouleaux, Pins...).
En situation pâturée on peut observer un phénomène de vieillissement naturel de la lande marqué par une proportion de plus en plus importante de Callune vulgaire, accompagnée de Bruyère cendrée, de Molinie bleue ou de Fougère aigle. Pour éviter ou limiter cette évolution on préconise de faucher, broyer ou brûler périodiquement la végétation selon une fréquence qui peut aller de 5 à 10 ans. Le feu, moins coûteux et plus aisé à mettre en œuvre sur des sols peu portants ou très engorgés, ne devra être utilisé que si l'on en a une parfaite maîtrise: il peut en effet occasionner des dégâts majeurs dans les sols (incendies avec combustion profonde dits "feux d'humus") ou favoriser le développement de la Molinie et de la Fougère aigle.
La restauration des landes dégradées est théoriquement toujours possible mais elle implique des travaux lourds de déboisement, de débroussaillage ou d'arrasement (par broyage) des touradons de Molinie. La coupe des ligneux est souvent suivie de rejets vigoureux dès la première année : pour limiter ce problème il est conseillé de couper ras et de marteler ou d'arracher les souches quand cela est envisageable. Dans la logique de restauration écologique il est d'usage de prévoir une évacuation des rémanents ou un brûlage en cuve avec évacuation des cendres afin de conserver le caractère oligotrophe du milieu. En complément de ces interventions lourdes, le pâturage restera un précieux outil complémentaire de gestion dans la mesure où il aide à contrôler la reprise de la végétation ligneuse. Attention cependant aux risques de tassement ou de piétinement de certains habitats fragiles, souvent associés à ces landes (buttes à sphaignes notamment).
Références et expériences de gestion
CLEMENT Bernard, 2008, "Niveaux et vitesses de résilience des landes atlantiques après feux", Acta Botanica Gallica, 155 (1) : 79-87
Résumé auteur : Si les brûlis et l'écobuage sont des modes de gestion ancestraux des landes, les feux d'humus qui interviennent après déprise agricole affectent différemment les landes. Via différents dispositifs de suivi permanents, nous analysons les réponses de la végétation et de l'écosystème à différents niveaux d'intensité du feu et de ses conséquences. Quatre principales trajectoires dynamiques sont mises en évidence en relation avec la masse combustible, l'érosion ou l'accumulation des cendres et la persistance ou non d'une banque de semences actives. Les dynamiques des populations et leurs réponses aux perturbations déterminent les niveaux et les vitesses de résilience des communautés de landes incendiées durant l'été 1976.,
GALLET Sébastien, 2001, "Les landes atlantiques : de l'écologie des perturbations à la gestion conservatoire - exemple du site mégalithique de Carnac", thèse université de Rennes I, UMR 6553 (Biologie) : 284 p.
Résumé auteur : Les landes atlantiques sont des écosystèmes originaux et caractéristiques de la façade atlantique de l'Europe. Délaissés par l'agriculture moderne, ces systèmes semi-naturels sont aujourd'hui menacés. La sauvegarde de ce patrimoine passe par une bonne connaissance de ce milieu et de sa gestion. Les connaissances les plus importantes concernent aujourd'hui les landes septentrionales dominées par Calluna vulgaris. La gestion des autres types de lande a fait l'objet de moins d'études. Dans cette étude, la réponse des landes armoricaines sèches et mésophiles à diverses perturbations a été étudiée dans un cadre d'écologie de la restauration et de la conservation. Les perturbations analysées s'intègrent dans un processus de gestion. Il s'agit du pâturage ovin, de la fauche et du piétinement. Les études sont réalisées au sein du site des Alignements de Carnac. Elles visent à définir les moyens les plus adaptés pour entretenir les landes de ce site. Les deux premières perturbations abordées, le pâturage et la fauche, sont des outils majeurs de la gestion des landes. L'analyse des effets du pâturage repose sur la comparaison de différentes saisons de pâturage sur des landes sèches et mésophiles. Les modalités de pâturage testées sont caractérisées par un fort chargement appliqué sur une durée limitée, ce qui semble faciliter la gestion des ligneux. Des différences parfois importantes des effets du pâturage sont observées en fonction de la saison d'application. Les landes, notamment mésophiles, semblent présenter une certaine fragilité face au pâturage estival. Sur ce même type de lande, le pâturage hivernal ou printanier semble en revanche pouvoir favoriser le développement des bruyères. Dans le cadre d'opérations de rajeunissement par fauche de groupements à ajoncs, un effet de la saison important est également observé. La troisième perturbation étudiée est le piétinement, qui est un facteur de dégradation des landes fréquentées. Des approches expérimentales et des observations de terrains sont abordées de façon complémentaire afin de caractériser la réponse à cette perturbation des landes et de leurs espèces caractéristiques. Ici encore, des variations importantes sont enregistrées en fonction de la saison, du type de végétation et des conditions météorologiques lors de la perturbation. Une attention particulière est également portée sur la fougère aigle (Pteridium aquilinum) dont la maîtrise constitue une part importante de la problématique de gestion du site d'étude, comme c'est le cas dans de nombreuses landes. Cette étude a montré la complexité des réponses des landes atlantiques sèches et mésophiles aux perturbations et la nécessité d'adapter les modalités de gestion aux conditions locales et aux objectifs recherchés.
JACQUEMART Anne-Laure, DE SLOOVER Jacques R., 2008, "Effets de l'étrépage pour la restauration de landes tourbeuses en haute Ardenne belge", Acta Botanica Gallica, 155 (1) : 133-141
Résumé auteur : En 1989, la restauration par étrépage de landes tourbeuses dégradées et envahies par Molinia caerulea a été entreprise en haute Ardenne belge. Des relevés de végétation ont été effectués en 1989 et 1998. L'étrépage a un effet bénéfique en diminuant le couvert de la molinie et en augmentant celui des espèces typiques des landes tourbeuses telles que Juncus squarrosus, Carex panicea, Erica tetralix, Trichophorum caespitosum et Narthecium ossifragum. L'étrépage a également permis le retour d'espèces rares comme Drosera rotundifolia et Lycopodiella inundatata. Les résultats obtenus par analyse de la banque de diaspores sont également discutés.
Données cartographiques
Le tableau et la carte ci-dessous montrent la répartition des surfaces cartographiées en « Landes humides atlantiques tempérées à Erica ciliaris et Erica tetralix » (UE 4020) dans le réseau régional de sites Natura 2000.
Code Site Natura | Nom Site Natura | Surface (en ha) |
FR7200760 | Massif de la Rhune et de Choldocogagna | 2 819,64 |
FR7200751 | Montagnes du Pic des Escaliers | 20,78 |
FR7200749 | Montagnes du Barétous | 14,84 |
FR7200791 | Le Gave d'Oloron et marais de Labastide-Villefranche | 8,13 |
FR7300891 | Etangs d'Armagnac | 5,04 |
FR7200793 | Le Gave d'Ossau | 3,55 |
FR7200759 | Massif du Mondarrain et de l'Artzamendi | 1,17 |
FR7200788 | La Joyeuse | 0,32 |
Total 4020 | 2 873,48 |
En Midi-Pyrénées, l'habitat "Landes humides atlantiques" est recensé sur un seul site Natura 2000, en limite Est de son aire de répartition (landes de Gascogne). Il forme de petites unités (surface moyenne 0,3 ha), pur ou en mélange avec des "landes sèches européennes" (4030), parfois en situation de sous-bois clairsemés de chênes pédonculés, chênes tauzin, châtaigniers ou pins maritimes.
État de conservation
Données issues du rapportage SPN-2015 // MNHN et Fédération des CBN
Selon la Directive Habitats, un état de conservation est jugé favorable « lorsque l’aire de répartition naturelle ainsi que les superficies couvertes par l’habitat au sein de cette aire sont stables ou en extension, et la structure et les fonctions spécifiques nécessaires à son maintien à long terme existent et sont susceptibles de perdurer dans un avenir prévisible, et l’état de conservation des espèces qui lui sont typiques est favorable. ». Tous les 6 ans, un bilan est réalisé à l’échelle nationale et européenne sur la base de 4 indicateurs : aire de répartition, surfaces, structure et fonctions.