Présentation
Cette pelouse pionnière forme un petit gazon de 10cm de haut plus ou moins dense mais toujours avec des trouées et des zones de dépôt d’alluvions récentes.
La pelouse pionnière alpine du Caricion bicoloris-atrofuscae peut être en contact avec des communautés de bas-marais alcalin du Caricion davallianae. Sur les niveaux topographiques supérieurs se développent des pelouses des combes à neige alpines de l’Arabidion caeruleae ou, dans les secteurs à déneigement précoce, des pelouses cryophiles des Carci rupestris-Kobresietea.
Le régime torrentiel crée un type de perturbation favorable au maintien d'un milieu pionnier en bord de cours d’eau, par décapage régulier de la matière organique accumulée en conditions froides et engorgées. Lorsque celui-ci n'est plus assez intense, nous pouvons observer des communautés de bas-marais tourbeux.
Habitat très rare dans les Pyrénées. La végétation est composée d'espèces arctico-alpines reliques dissociées des populations des Alpes et de l’Europe du Nord, depuis la fin de l'ère glaciaire. Il ne se retrouve qu'à l'étage alpin, sur des alluvions riche en carbonate de calcium en bordure de torrent alpin. Son développement est assez linéaire et souvent en mosaïque. La flore de cet habitat peut se retrouver dans d’autres types d'habitats comme les combes à neige.
Cet habitat se localise sur les abords périodiquement rajeunis par l’écoulement des eaux de fonte des neiges des torrents alpins. Ce phénomène permet de maintenir des sols peu évolués (conditions pionnières) sur alluvions.
Il se localise généralement sur des zones de fond de vallon ou de cirque glaciaire, ou bien sur de faibles pentes à la faveur d’écoulements.
Cet habitat est un reliquat de la dernière ère glaciaire. Il ne reste que deux stations connues sur le versant français de la chaîne des Pyrénées françaises, les enjeux sont donc importants. Cependant la menace principale semble être le changement climatique puis ponctuellement les activités de randonnée et de pastoralisme.
La dépendance de l'habitat vis-à vis de la quantité et du temps d'enneigement ainsi que des températures estivales fraîches, le rendent particulièrement vulnérable à un changement climatique.
Gestion et conservation
Les deux stations que l'on connait sur le versant nord pyrénéen sont utilisées en juillet-août par des ovins. Le chargement instantané peut être relativement important : ces pelouses, naturellement peu productives du fait de l'altitude et du déneigement tardif, sont tout de même abrouties lors de fortes chaleurs.
L'intérêt pastoral de ces pelouses tient surtout à leur caractère tardif et à une fraîcheur persistante tout au long de l'été. Si l'été est chaud ou très sec, la fréquentation semble plus importante.
Hormis les variations naturelles des conditions écologiques liées au climat (durée d'enneigement) et au régime hydrique (alimentation en eau), on identifie, pour les stations pyrénéennes, deux types de menaces potentielles d'origine anthropique, dont les effets sont à surveiller.
- en lien avec les troupeaux : les risques de piétinement ou d'enrichissement excessif semblent minimes dans la mesure où seuls les ovins accèdent à ces pelouses. On veillera toutefois à éviter les concentrations d'animaux, en particulier les zones de couchage ou de soin (parc de contention), sur et à proximité immédiate de l'habitat.
- en lien avec la proximité des refuges : attention aux rejets d'effluents qui risquent d'affecter la qualité chimique des eaux d'alimentation. Penser également à l'impact possible sur le régime hydrique de nouveaux captages en amont des stations de Carex bicolor.
Schéma fonctionnel synthétique
Un schéma fonctionnel est une représentation théorique des trajectoires possibles de l'habitat en l'absence de gestion, en cas de changement de pratiques ou de conditions stationnelles.
La situation d'équilibre est obtenue par les modes de gestion proposés dans le paragraphe "gestion et conservation".
La diagnose écologique est un intitulé de l'habitat qui reprend les éléments stationnels et écologiques déterminants pour la définition de l'habitat (moins ambigüs que les intitulés des typologies codées.
Références et expériences de gestion
Gavarnie | depuis 2001 | Mise en place d'un suivi de la population de Carex bicolor des Sarradets complété, à partir de 2011, par un suivi de l'habitat "Caricion bicoloris" |
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contact : Carine Marfaing (PNP)
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Gavarnie | depuis 2011 | Mise en place d'un suivi de l'habitat "Caricion bicoloris" aux Sarradets |
Adaptation du protocole mis au point par le CBN alpin à l’expression pyrénéenne de l’habitat
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contact : Ludovic Olicard (CBNPMP) |
Cauterets |
depuis 2014 |
Mise en place d'un suivi de l'habitat "Caricion bicoloris" aux Oulettes du Vignemale |
Adaptation du protocole mis au point par le CBN alpin à l’expression pyrénéenne de l’habitat
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contact : Ludovic Olicard (CBNPMP) |
BENITO ALONSO J.L., 2003, "Las comunidades con Carex bicolor All. del Pirineo". Acta Bot. Barcinonensia, 49 : 229-243.
BRESSOUD B., 1986, "Chorologie, écologie et sociologie du Caricion bicolori-atrofuscae dans les Alpes". Thèse Doct. Univ. Lausanne [1]-267,
BRESSOUD B., 1989, "Contribution à la connaissance du Caricion atrofusco-saxatilis dans les Alpes". Phytocoenologia, 17 (2) : 145-270.
BRESSOUD B., TROTEREAU A., 1984, "Le Caricion bicolori-atrofuscae, alliance artico-alpine, dans les marais du massif de la Vanoise et des régions limitrophes". Trav. Scient. Parc nat. Vanoise, 14 : 9-47.
CHOUARD P., 1942, Le peuplement végétal des Pyrénées centrales. 1. Les montagnes calcaires de la vallée de Gavarnie. Bull. Soc. Bot. Fr., 89 (12) : 257-260.
CORRIOL G. 2014 — Essai de clé typologique des groupements végétaux de Midi-Pyrénées et des Pyrénées françaises. IV. Tourbières basses (Scheuchzerio – Caricetea). Bull. mens. Soc. Linn. Lyon, 83(1-2) : 53-65.
DELAHAYE T., 2011, "Les plantes arctico-alpines de Savoie : grandeur et décadence ?". Bull. Myco. Bot. Dauphiné-Savoie, 200-201 : 175-188.
OLICARD L., BRAU-NOGUE C., 2016, "Suivi de l’habitat à Carex bicolor, Caricion incurvae, sur les Pyrénées", Rencontres naturalistes Midi-Pyrénées, Auch 11-13 février 2016, poster
Données cartographiques
Code Site Natura | Nom Site Natura | Surface (en ha) |
FR7300927 | Estaubé, Gavarnie, Troumouse et Barroude | 3,48 |
FR7300925 | Gaube, Vignemale | 2,31 |
Total 7240 | 5,78 |
État de conservation
Etat de conservation : évaluation MNHN 2013
Selon la Directive Habitats, un état de conservation est jugé favorable « lorsque l’aire de répartition naturelle ainsi que les superficies couvertes par l’habitat au sein de cette aire sont stables ou en extension, et la structure et les fonctions spécifiques nécessaires à son maintien à long terme existent et sont susceptibles de perdurer dans un avenir prévisible, et l’état de conservation des espèces qui lui sont typiques est favorable. ». Tous les 6 ans, un bilan est réalisé à l’échelle nationale et européenne sur la base de 4 indicateurs : aire de répartition, surfaces, structure et fonctions.