Présentation
Pelouse de l'étage montagnard à alpin, dominée par des graminées vivaces peu élevées tel que le Nard raide qui est une des composante principale de cette pelouse avec les genre Festuca et Agrostis. Parmi ces espèces structurante on observe aussi des géophytes qui s'expriment à la fonte des neiges et en fin d'été.
Ces pelouses à Nard présentent des expressions bien différentes, suivant les condtions topographiques, de gradients d’humidités et de trophie.
La dynamique évolutive de ces groupements dépend beaucoup de l’altitude et du degré d’acidité du substrat. En effet, les pelouses de basse altitude tendront vers la chênaie-hêtraie, alors qu’aux étages montagnard et subalpin ce sera davantage vers la hêtraie-sapinière voire la pinède à crochet. Les stades intermédiaires sont quasiment toujours des landes acides dont les groupements varient également en fonction des conditions stationnelles (genêts pl.sp, callunes, myrtilles ou rhododendrons). Mais peuvent dans certains cas, sur sol profond et assez riche, évoluer vers une fougeraie aigle. Il existe dans les secteurs aux conditions particulièrement difficiles (pentes rocheuses ou haute altitude) des groupements primaires pouvant accueillir quelques ligneux bas.
Habitat d’intérêt communautaire potentiellement prioritaire, les pelouses à nard sont très bien représentées sur le massif pyrénéen et en Aubrac puis plus ponctuellement dans le Lévézou aveyronnais et la Montagne Noires tarnaise. Ces formations héritées des parcours d’estives séculaires sont maintenues par le pastoralisme.
Le caractère prioritaire de ces pelouses nécessite de prendre en compte certains éléments intraséques à ces pelouses et de statuer de façon commune sur cet aspect. Ces éléments sont présentés en suivant :
Le tableau ci-dessous présente de manière synthétique les richesses spécifiques minimales, maximales et moyennes pour la plupart de ces associations.
Référence biblio du tableau exploité | Rich. min. | Rich. max. | Rich. moy. | |
Nardion strictae | ||||
Botrychio lunariae-Nardetum Peeters & Vanden Berg. 81 | Peeters & Vanden Berg.1981 | 25 | 48 | 36 |
Festuco microphyllae-Nardetum Tx. in Tx. & Oberd. 58 | Tüxen & Oberd. 1958 | 22 | 42 | 32 |
Alchemillo flabellatae-Nardetum Gruber 75 | Gruber 1975 | 25 | 35 | 29 |
Endressio pyrenaicae-Nardetum Vigo 72 | Vigo 1972 | 18 | 33 | 26 |
Selino pyrenaei-Nardetum Br.-Bl. 48 | Br.-Bl. 1948 | 16 | 29 | 22 |
Trifolio thalii-Nardetum strictae Rivas-Mart. et al. 91 | Rivas-Martinez et al. 1991 | 11 | 24 | 19 |
Trifolio alpini-Alopecuretum gerardii Br.-Bl. 48 | Br.-Bl. 1948 | 9 | 17 | 12 |
Nardetalia strictae | ||||
Diantho sylvatici-Meetum athamantici (Luquet 26) de Fouc. 86 | de Foucault 1986 | 33 | 52 | 42 |
Orchido morionis-Serapietum linguae de Fouc. 86 | de Foucault 1986 | 34 | 45 | 39 |
Galio saxatilis-Festucetum tenuifoliae Rasch ex Stieperaere 69 | Botineau et al., 1986 | 14 | 33 | 24 |
Hormis les écarts imputables aux méthodes de relevés (homogénéité et surface), on constate une richesse spécifique variable en fonction des associations végétales et des relevés. Certaines associations sont intrinsèquement pauvres en espèces pour des raisons stationnelles.
On voit bien la difficulté d'évaluer dans l'absolu la richesse spécifique « normale » d'une pelouse à nard qui dépend beaucoup des conditions écologiques intrinsèques du groupement. L'influence du surpaturage, tel que précisé dans le manuel Eur 15 n'est pas toujours prépondérante. On notera en particulier que l'Alchemillo-Nardetum qui est décrit par Gruber (1975) comme un groupement intensément pâturé présente une richesse spécifique moyenne de 29, soit plus que les pelouses hydromorphes, chionophiles ou hyperacidiphiles, plus originales sur le plan écologique. On remarquera que cette association a été retenue dans les cahiers d'habitats.
Pour comparaison, on peut s'intéresser à une nardaie décrite par Thébaud (1988) du Forez qu'il qualifie d'anthropique car intensément pâturée. Sa richesse spécifique moyenne est de 19.
Si l'on s'intéresse à la composition floristique des groupements, il faut prendre en compte le fait que les formations les plus riches en espèces le sont généralement grace à un apport important d'espèces transgressives en provenance :
- des pelouses basophiles pour les formations acidiclines ;
- des ourlets et landes pour les formations en dynamique ;
- des prairies pour les formations amendées...
On peut sur ce point également s'interroger sur la légitimité d'une approche strictement basée sur la richesse spécifique en lien avec une pression de pâturage.
Les pelouses à nards raides sont essentiellement présentes sur substrat siliceux pauvre en nutriments. Le sol est généralement sec à humide. Malgré leur nette tendance montagnarde, ces groupements peuvent exister à l’étage collinéen si les conditions le permettent.
Les cortèges de ces pelouses peuvent souffrir de l'enrichissement trophique, qui dans un premier temps contribu à en augmenter le nombre d'espèces mais qui défavorise les espèces oligotrophes et qui sur le long terme peux faire dériver ces formations de pelouse vers des prairies de fauche.
Ils craignent avant tout l’enrichissement trophique qui a pour conséquence d’augmenter dans une certaine mesure le nombre d’espèces mais d’éliminer l’ensemble des communautés oligotrophes et donc de transformer la phytocénose initiale pelousaire en prairie d’altitude. Ces groupements présentent un intérêt particulier pour la région puisqu’ils sont une vitrine des conditions montagnardes régionales mais aussi parce qu’ils abritent une flore particulière et singulière. Sans oublier qu'elles représente un grand intérêt du point du patrimoine paysagé et culturel.
Données cartographiques
Le tableau et la carte ci-dessous montrent la répartition des surfaces cartographiées en « Formations herbeuses à Nardus, riches en espèces, sur substrats siliceux des zones montagnardes (et des zones submontagnardes de l'Europe continentale) » (UE 6230) dans le réseau régional de sites Natura 2000.
Code Site Natura | Nom Site Natura | Surface (en ha) |
FR7200754 | Montagnes de Saint-Jean-Pied-de-Port | 3 586,20 |
FR7200744 | Massif de Sesques et de l'Ossau | 3 261,09 |
FR7200750 | Montagnes de la Haute Soule | 2 343,65 |
FR7200743 | Massif du Ger et du Lurien | 2 043,43 |
FR7200742 | Massif du Moulle de Jaout | 1 684,15 |
FR7300827 | Vallée de l'Aston | 1 568,38 |
FR7200746 | Massif de l'Anie et d'Espelunguère | 1 464,37 |
FR7200751 | Montagnes du Pic des Escaliers | 1 223,97 |
FR7200749 | Montagnes du Barétous | 1 012,62 |
FR7300931 | Lac Bleu Léviste | 973,62 |
FR7200752 | Massif des Arbailles | 942,52 |
FR7300927 | Estaubé, Gavarnie, Troumouse et Barroude | 891,34 |
FR7200759 | Massif du Mondarrain et de l'Artzamendi | 867,79 |
FR7300871 | Plateau central de l'Aubrac aveyronnais | 817,50 |
FR7200747 | Massif du Layens | 753,35 |
FR7300923 | Moun Né de Cauterets, pic de Cabaliros | 718,93 |
FR7200745 | Massif du Montagnon | 688,56 |
FR7300932 | Liset de Hount Blanque | 672,16 |
FR7300921 | Gabizos (et vallée d'Arrens, versant sud-est du Gabizos) | 527,14 |
FR7300929 | Néouvielle | 469,75 |
FR7300880 FR7300881 |
Haute vallée d'Oô Haute vallée de la Pique |
411,02 |
FR7300926 | Ossoue, Aspé, Cestrède | 376,55 |
FR7300920 | Granquet-Pibeste et Soum d'Ech | 319,64 |
FR7300934 | Rioumajou et Moudang | 310,62 |
FR7200753 | Forêt d'Iraty | 285,44 |
FR7300925 | Gaube, Vignemale | 281,77 |
FR7300831 | Quérigut, Laurenti, Rabassolles, Balbonne, la Bruyante, haute vallée de l'Oriège | 270,40 |
FR9101470 | Haute vallée de l'Aude et bassin de l'Aiguette | 212,03 |
FR7300924 | Péguère, Barbat, Cambalès | 200,64 |
FR7300935 | Haut-Louron : Aygues Tortes, Caillauas, Gourgs Blancs, Gorges de Clarabide, pics des Pichadères et d'Estiouère, montagne de Tramadits | 158,23 |
FR7300825 | Mont Ceint, mont Béas, tourbière de Bernadouze | 144,23 |
FR7200793 | Le Gave d'Ossau | 100,98 |
FR7300930 | Barèges, Ayré, Piquette | 90,28 |
FR7300883 | Haute vallée de la Garonne | 43,88 |
FR7300822 | Vallée du Riberot et massif du Mont Valier | 36,49 |
FR7200786 | La Nive | 34,57 |
FR7200791 | Le Gave d'Oloron et marais de Labastide-Villefranche | 13,41 |
FR7200781 | Gave de Pau | 12,59 |
FR7300922 | Gaves de Pau et de Cauterets (et gorge de Cauterets) | 8,06 |
FR7300870 | Tourbières du Lévezou | 4,76 |
FR7300946 | Tourbières du Margnès | 2,01 |
FR7300942 | Vallée de l'Arn | 1,00 |
FR7200788 | La Joyeuse | 0,58 |
Total 6230 | 29 829,71 |
Les pelouses à Nard sont présentes sur l'ensemble du territoire de Midi-Pyrénées. Elles sont toutefois plus fréquentes sur les sites de montagne ou de plateau acide.
La taille moyenne des unités cartographiées en pelouses à Nard est de 4,4 ha, les unités pures représentant un peu plus du tiers de ces surfaces. Les habitats que l'on trouve le plus souvent en mélange ou en mosaïque avec ces nardaies sont des landes alpines et montagnardes, pelouses à Festuca eskia, prairies à molinie, éboulis et pentes rocheuses sur substrat acide.
État de conservation
Etat de conservation : évaluation MNHN 2013
Selon la Directive Habitats, un état de conservation est jugé favorable « lorsque l’aire de répartition naturelle ainsi que les superficies couvertes par l’habitat au sein de cette aire sont stables ou en extension, et la structure et les fonctions spécifiques nécessaires à son maintien à long terme existent et sont susceptibles de perdurer dans un avenir prévisible, et l’état de conservation des espèces qui lui sont typiques est favorable. ». Tous les 6 ans, un bilan est réalisé à l’échelle nationale et européenne sur la base de 4 indicateurs : aire de répartition, surfaces, structure et fonctions.
Les pelouses acidiphiles des Nardetea constituent l'essentiels des estives pyrénéennes dans les massifs acides. Leur état de conservation dans le domaine biogéographique alpin est d'ailleurs considéré comme bon. Par contre, en plaine, ces types de pelouses sont rares, souvent sacrifiées à la culture ou à l'urbanisation. Dans le domaine continental, on trouve l'habitat principalement en montagne (Montagne noire, Monts de Lacaune, Lévezou, Aubrac, Ségalas).Les localités dans le domaine atlantique de Midi-Pyrénées sont principalement concentrées dans le piémont pyrénéen. Ailleurs, elles sont très rares et constituent un enjeu de conservation fort.
Groupes de gestion identifiés